Le contexte conjoncturel VUCA (Volatil, Incertain, Complexe, Ambigu) dans lequel évoluent la plupart des acteurs économiques, est aujourd’hui fortement dégradé par la pandémie COVID-19 qui, au-delà de la crise sanitaire et de ses retombées économiques et financières, ébranle profondément les fondamentaux stratégiques, économiques et sociaux des entreprises et des hommes.
A situation exceptionnelle, moyens exceptionnels, et les derniers mois ont été le théâtre de bouleversements économiques et réglementaires, d’interventions massives de l’État dans l’Économie, de questionnements sur le rôle effectif des entreprises sur la santé et la sécurité de ses salariés, de même que sur les délocalisations et la pertinence d’éventuelles relocalisations. Autant de thèmes qui laisseront des traces et auront des conséquences durables sur les stratégies à déployer pour demain, performer.
La pandémie COVID-19 aura également agi comme un stress test mondial, révélant les forces et les faiblesses des États et des entreprises en termes notamment :
- d’organisation interne,
- de réactivité,
- de process de gestion de crise,
- de capacité à se coordonner et à se discipliner,
- de capacité à modifier leurs structures et leurs organisations opérationnelles,
- de résilience,
- de fédération et d’implication des collaborateurs et des parties prenantes,
- d’attachement des collaborateurs à leur entreprise et à leurs dirigeants.
Ainsi, sous cet angle, la gestion de la pandémie COVID-19 doit être également entrevue comme un révélateur des forces de votre entreprise, au premier lieu desquels votre réactivité, votre capacité à fédérer et à coordonner, mais également de ses faiblesses et de ses dysfonctionnements qu’il convient de corriger dans l’avenir.
Il y aura un avant et un après COVID-19, et il est en conséquence indispensable que les entreprises, quelle que soit leur taille, bâtissent ou actualisent leur plan stratégique de développement pour tenir compte de l’évolution des contextes économique, politique, réglementaire, sociétal, sanitaire et environnemental marqués notamment par :
- La demande durable et profonde d’informations de la part des collaborateurs et des différentes parties prenantes (clients, fournisseurs, distributeurs, etc.) sur les enjeux sanitaires et plus généralement RSE.
- L’évolution de la réglementation et des process sur les sites industriels, mais également les sites administratifs et les bureaux, visant à renforcer la sécurité et la santé des collaborateurs et des autres intervenants tels que les intérimaires, les fournisseurs ou les clients.
- La demande croissante et accélérée des salariés sur l’élaboration d’un nouveau « contrat social » les unissant à leur entreprise, ou a minima, une charte sociale stipulant les positions de l’entreprise sur le bien-être des collaborateurs, la santé et la sécurité des collaborateurs.
- Le souhait d’une plus grande souplesse organisationnelle et RH. La mise en place précipitée et « forcée » du télétravail a permis à de nombreuses entreprises et à de nombreux salariés d’expérimenter une autre organisation du travail, avec ses côtés positifs et négatifs. Il convient de tirer profit de cette expérience inédite pour faire évoluer et améliorer votre organisation RH actuelle, de manière à promouvoir l’agilité organisationnelle, source de productivité, de créativité et d’équilibre pour les différentes parties prenantes, sous réserve que certaines conditions soient remplies. Les nouveaux process mis en place en urgence ces derniers mois ne peuvent en effet pas être oubliés ni balayés du revers de la main, sous peine de générer des tensions internes sociales fortes.
- Le besoin d’une communication interne plus humaine sur les liens unissant les collaborateurs à leur entreprise car, au-delà des implications économiques et pratiques du COVID-19, cette pandémie va laisser des traces durables et modifier les valeurs intrinsèques des individus dans leur vie de tous les jours et par rapport à leur entreprise et à ses collaborateurs.
- L’apparition probable d’une courbe en J en matière de pression fiscale et de tensions économiques à venir, marquée sur les premiers mois par un redémarrage et une pression fiscale allégée (report de charges, PGE, etc.), qui se renforcera durablement et fortement dans les prochaines années compte tenu du coût très élevé de la crise pour l’État qu’il faudra tôt ou tard financer.
- De fortes turbulences à venir, en termes de volatilité des matières premières, d’indicateurs macroéconomiques, de pressions concurrentielles, de maintien des parts de marché, de conservation des niveaux de marge, etc. Ces incertitudes nécessitent la plus grande flexibilité organisationnelle et industrielle, et chaque entreprise doit pour cela maintenir ses efforts en matière de recherche de rentabilité, de chasse aux coûts cachés et de rationalisation de ses investissements.
Les prévisions économiques, industrielles et financières réalisées en début d’exercice comptable sont aujourd’hui obsolètes, compte tenu de l’importance de la crise, de l’incertitude actuelle et des nouvelles réalités économiques qui seront celles des entreprises demain.
Le premier grand chantier concerne l’actualisation des business model et des business plan. Il est en effet indispensable de repenser et d’adapter au plus vite le business model de votre entreprise, de manière à optimiser les moyens et les ressources à disposition, de faire évoluer votre organisation et vos process, en lien avec les nouvelles réalités et prévision d’activité qui sont les vôtres.
Il en est de même pour vos business plans : les perspectives d’atterrissage pour l’exercice 2020 bâties en 2019 sont devenues obsolètes, et doivent être mises à jour rapidement de manière à pouvoir évaluer vos niveaux de performance, même si les niveaux d’activité sont dégradés.
Il s’agit là d’un travail essentiel qui peut être optimisé et sécurisé en faisant appel à des consultants spécialisés en stratégie, qui au-delà de leur expertise sur ces domaines, pourront vous aider à mieux comprendre les mutations à l’œuvre, la manière dont ces dernières vont impacter votre activité, et les évolutions à engager pour maintenir au mieux vos niveaux de performance.
Le deuxième grand chantier concerne les nouveaux process organisationnels et fonctionnels à mettre en place pour être en mesure d’assurer la conduite de votre activité en mode « dégradé » tout en garantissant les conditions sanitaires requises. Au-delà du respect des gestes barrières et des mesures sanitaires de bon sens, il convient d’évaluer et d’implémenter de nouveaux modes organisationnels et RH efficaces, notamment en termes de réunion, de prospection, de gestion du télétravail qui, selon toute vraisemblance, seront amenés à être privilégiés dans les prochains mois.
Mais, au-delà de cette obligation sanitaire conjoncturelle, il faut également se poser la question des bienfaits liés à ces mutations organisationnelles et RH, et de la pertinence de les intégrer structurellement au sein de votre entreprise. Dans quelle mesure le télétravail peut-il être institué ? Comment optimiser la coordination de mes équipes et le reporting ? autant de questions qui se posent légitiment aujourd’hui au regard du besoin d’agilité et de flexibilité des entreprises, d’équilibre pour les ménages, dont les effets potentiellement négatifs peuvent être fortement atténués grâce aux NTIC (Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication) et aux nouvelles pratiques managériales.
La troisième grand chantier concerne votre responsabilité sociétale et environnementale (RSE), dont l’épidémie COVID-19 va agir comme un accélérateur auprès des différentes parties prenantes, tant internes (collaborateurs) qu’externes (partenaires, fournisseurs, clients). Le développement d’une stratégie RSE effective et opérationnelle va devenir essentielle, et les attentes seront d’ailleurs à la hauteur des enjeux. Les stratégies RSE existantes devront donc être enrichies au regard de la crise sanitaire en cours et des nouvelles attentes sociétales et sanitaires des parties prenantes. Les entreprises qui ne disposent pas de politique RSE devront en revanche, rapidement en bâtir car leur positionnement sera d’autant plus attendu que la très grande majorité des entreprises ont et auront grandement communiqué sur ces aspects.
La quatrième grand chantier concerne la sécurisation de vos activités, en abordant une approche avant tout pragmatique et d’ouverture : oui, l’épidémie COVID-19 est un phénomène conjoncturel et oui, l’épidémie COVID-19 peut être amenée à se répéter, sous la même forme ou sous une autre, toute aussi impactante pour vos activités économiques. La problématique consiste donc à mettre en place la stratégie pertinente et les process adéquats de manière à ce que vous soyez en capacité, en cas de survenance d’une nouvelle crise, d’être réactif et préparé, et idéalement en mesure de sécuriser vos activités ou d’amoindrir considérablement les effets négatifs liés à une nouvelle crise.
La fulgurance et l’ampleur de cette crise a pris tous les décideurs de court. Il est indispensable de tirer, le temps venu, les leçons de cette crise au niveau de votre entreprise, en évaluant avec objectivité votre gestion des évènements, les points forts qui se sont révélés, les points faibles qui se sont matérialisés, les risques et les menaces qui sont aujourd’hui les vôtres. L’immobilisme et la croyance en l’application de la Loi des grands nombres (i.e. que cet événement est suffisamment exceptionnel pour ne pas statistiquement se renouveler) constituent vos pires ennemis et la mise en œuvre d’une démarche proactive du changement, visant à dynamiser la flexibilité de vos process et l’agilité de vos ressources, doit être privilégiée pour capitaliser sur les opportunités que cette crise ne manquera pas de provoquer.